Je me suis abstenue sur ce rapport relatif au renforcement de la démocratie, à la liberté et au pluralisme des médias dans l’UE. Si je suis favorable à la lutte contre les poursuites judiciaires abusives engagées contre les journalistes dans certains États de l’Union, je considère que la méthode suggérée par ce texte d’initiative est inadaptée. Il est faux de sous-entendre que la liberté de la presse serait menacée dans l’ensemble de l’UE. Il est inopérant de qualifier de manière juridiquement floue ce que pourraient être des « poursuites baillons ». Il est contreproductif de présenter les journalistes en victimes permanentes des pressions des gouvernements des États membres, sans insister sur leurs propres devoirs ni sur leurs obligations déontologiques. J’ajoute qu’en Europe, et notamment en France, les journalistes disposent déjà de garanties et de protections considérables (protection du secret des sources, absence systématique de poursuite pour violation du secret de l’instruction et des enquêtes, droit dérogatoire en matière de perquisition et d’écoutes téléphoniques, privilèges fiscaux, possibilité de porter plainte pour dénonciation calomnieuse etc.). En contrepartie, il n’est pas excessif que les journalistes puissent continuer de répondre de leurs fautes devant la justice, sans que cela puisse être qualifié de persécution. Pour ces raisons, et parce que c’est à la justice et à elle seule d’apprécier le bien-fondé des plaintes, il ne me semblait pas opportun d’appliquer aux journalistes des aménagements supplémentaires dérogatoires au droit commun.